Dans la fraîcheur du crépuscule naissant
Et les couleurs du soir rougeoyant
Le voilà tapi dans les feuillages couleur sang
Guettant, la fille aux yeux verts, impatiemment

Silencieux par son souffle retenu péniblement
L’envoûté écoutait son cœur s’agiter intensément
Hanté par des fantasmes nés confusément
D’une rencontre qui le troubla profondément

Mais la voici s’avançant d’un pas élégant
La fille, écartant d’une main, les feuilles gênant
Le visage fragile de ses enfants
Qu’elle conduisait à la rivière prudemment

Dans la splendeur de son visage mélancolique
Se lisait une tendresse magnifique
Offerte à ses petits amours uniques
Qu’elle protégeait d’une affection lyrique

Et dans cette étrange nature dithyrambique
Parmi les créatures, invisibles, mythiques
De chacun de ses gestes pudiques
Naissait, subtilement, une statue antique

Aux jeux d’eau, joyeux, ses enfants, laissant
Lentement, d’un geste érotique, mais déroutant
Se rafraîchit à la rivière lascivement
Mouillant ses seins innocemment

La Lyre, fermant les yeux délicatement
De ses senteurs, flottant, dangereusement
La moiteur de ses lèvres langoureusement
Enflammaient les esprits environnants

Et lui, passionné, aux yeux désirants
De ces courbes féminines, se détourner, ne pouvant
La contempla se caresser sensiblement
Pour le plaisir des sens et des rêves ; simplement

La nymphe, douce et fragile, souffrait, dénudée
Dans son cœur, d’affronts, qui l’avait blessée
Ne souhaitant plus jamais s’abandonner
Sans être, de l’âme de son prétendant, rassurée

Mais cette fille dont la volupté était désirée
Par cet ardent qui souhaitait l’enlever
Était destinée pour être, de passions, emportée
Et le cœur d’un homme, réchauffer

Lorsque la muse, du regard convoitant, s’aperçut
Dans une pudeur féminine, de son corps dévêtu
Timidement, elle rougit de manière soutenue
Flattée du brûlant désir de cet inconnu

La fille aux yeux verts, des plaisirs, s’étant abstenue
D’où rejaillissaient la vierge et sa retenue
S’abandonna dans les bras de cet assidu
Lorsque ses amours, des dangers, en furent dépourvus

Et il l’emmena en amour, fidèle
A ses promesses, lui démontra son zèle
Et lui promit qu’aujourd’hui et demain, en elle
Il la verrait toujours aussi belle, sensuelle

– Marco Bucci –