Quand l’herbe noircie et humide
Révèle l’odeur des corps putrescibles
Alors le bruit assourdissant des avions
S’éloignent allégés de leurs cargaisons
Le champ où il y a peu elle jouait
Se reconnaît par le sang qui jaillissait
Celui de ses camarades orphelins
Qui n’ont pu courir chez leurs cousins
Petite fille pieds nus dans les cendres
Se réfugiant en criant sans qu’on l’entende
Dans les débris d’un pays détruit par ses richesses
Et partout, ces relents de mort et de tristesse
Contrée lointaine, berceau de la civilisation
Aussi loin que tes yeux voient, c’est désolation
Grattant cette terre jadis nourricière
Dans les gravats et les ruines, aujourd’hui souricière
Serrant sa poupée sur son ventre
C’est la faim qui tiraille son antre
Et ces larmes qui roulent sur ses joues
C’est la vie qui lui joue un sale tour
A jamais seule dans son pays détruit
Trop fragile pour vivre dans la nuit
Et la poupée qui lui tient compagnie
Lorsqu’elle s’endort, lui rappelle sa vie
Et si la mort a emmené sa maman
Et si le sort a frappé ses parents
C’est l’humanité qui est inconsciente
Alors secourons nos âmes déficientes
– Marco Bucci –