Du temps où les océans engloutissaient
Et les héros, en nombre, mouraient
Du temps où les Dieux effrayaient
Et les géants, en leur nom, combattaient
Sur une plage, dénudée, se trouvait
Entre une terre en feu, une ville qui périssait
La nymphe, solitaire, qui pleurait
Les désespoirs qui l’affligeaient
Du fond de son âme meurtrie
Resurgissait des souvenirs enfouis
De chagrins, de peines, d’une vie assombrie
Comme la mer, par une tempête, saisie
De ses larmes, en cascade, qui roulaient
Ternissant ce tableau qui devait
Par son lyrisme, inspirer, les poètes à souhait
C’est tout un monde qui s’échouait
De cette souffrance qui s’échappait
Déversée dans les flots, subsistait
L’espoir d’une vie meilleure, si elle existait
Souhaitée secrètement; elle la revivrait
Et d’une larme, dans les mers, plongée
Entre les créatures divines immergées
Naquit, subtilement, une perle nacrée
A la pureté jamais égalée
Enfouie dans les sables marins
La perle, dissimulée, devint
Dans cette faune colorée et sans fin
La beauté d’un monde serein
Nul ne put compter les lendemains ensoleillés
Et les soirées, aux lunes pleines, éclairées
Si la perle avait dû un jour exister
Les conteurs devaient avoir trépassés
A l’horizon, sur une barque légère
Par une brise, fraîche, passagère
Voguait le rêveur solitaire
A la pensée profonde, l’âme claire
Chaque jour s’éloignant des requins tueurs
Des pièges incessants de ces prédateurs
L ’étrange pêcheur loin des mesquins pilleurs
Naviguait, apaisé par l’air du large ; sa douceur
Dans les eaux bleues on le vit plonger
Aspirant aux profondeurs rappelant ses pensées
Ivre de solitude souhaitée, d’idéaux espérés
En toucha le fond sablonneux et déserté
De sa main, caressant la perle enfouie
Son corps alangui, son âme enrichie
L’emportant avec lui, c’est un monde appauvri
Qu’il laissa innocemment derrière lui
Et de la perle qui inonda son bateau
De sa splendeur, oublié e sous les flots
Emerveilla ce garçon solitaire, sans un mot
De ses rêves secrets, elle en fit l’écho
Mais très bientôt le malaise le saisit
Pauvre jeune homme, de vices, démuni
Seul dans cette immensité maritime
N’échappant à son acte illégitime
Tandis que remis aux profondeurs
Le joyau admiré pour son seul bonheur
C’est un monde qui retrouva sa splendeur
Et la solitude qui regagna le pêcheur
Mais sur le pont irradié; splendide
Avait pris place l’Océanide
Fantasme du garçon candide
De tendresse et d’amour, avide
Et de cette barque qui s’éloigna
Sous les vents doucereux; en émoi
Elle et lui; jamais on ne sut pourquoi
Mais nul ne les revit. Autrefois.
– Marco Bucci –