Quand brouillard et froid descendent sur les champs
Et familles réunies pour le souper réconfortant
L’ours solitaire, dans la nuit, s’en va doucement
Laissant derrière lui railleries et tourments
Au détour d’un coin sombre la lune éclairant
Sa silhouette apparente, sans un bruit, déambulant
Tel le jeu d’ombres d’une vie sans ingrats ni arrogants
La solitude, de les fuir, lui permettant
Dans le silence de l’obscurité des campagnes
Malgré les colères qui parfois le gagnent
Naïvement, l’ours solitaire s’échappe et s’éloigne
Des cons et laideurs qui lui rappellent le bagne
Alors que les lueurs dans la nuit défilent, inlassablement
Sous les pas de ce rêveur solitaire nocturne, indubitablement
C’est tout un monde virtuel qui se moque, véritablement
Des tromperies répétées de ces savants, ces ignorants
Mais dans la buée de son souffle haletant
Nul ne perçoit gémissements, grognements, se joignant
De ses faiblesses, l’ours conscient, avec regrets, souffrant
De n’avoir pu échapper à leur insidieux guet-apens
Dans cette nature enjouée, l’ours s’est souvent promené
Jouant les plus beaux rôles de scènes imaginées
A l’écart des chasseurs qui ont souvent décrié
Sa démarche absurde et son regard décalé
Mais ce gourmand de la vie, jamais rassasié
Du miel des bienfaits, toujours en quête, jamais lassé
Voit virevolter, comme des abeilles, ses pensées
Pour véritablement à sa vie, un sens, donner
Pointant parfois son museau vers les mésanges gelées
Soufflant simplement le chaud pour les réconforter
Mais quant aux vermines qui l’ont chatouillé
Laissant choir son cul dessus, sans aucune légèreté
Derrière lui, l’empreinte curieuse, dans la neige gelée
De l’ours solitaire; dans ses pattes maladroites, solidement ancrées
L’empathie et la sensibilité, souvent moquées
Laissant une trace , parfois remarquée
Mais quand la lune éclairant la neige faiblement
Et la trace apparente, sous les premiers rayons, lentement
S’efface, l’ours s’en va, rassuré et dénué de tourments
De sa curieuse empreinte, espère doucement
Dans le cœur de certains, soit perçue mystérieusement.
– Marco Bucci –