Les ombres se faufilant dans la nuit
Alors que le froid et la neige sont
Se précipitant auprès de soupe et biscuits
N’ont que faire de ces deux polissons

Par les trous de leur pelure, le froid
Les frappant ces petits malheureux
Mais serrés, se réchauffant, filant droit
Priant qu’on les voit désireux

Voyez – les dans la neige boitillant
Qui l’un pied gauche nu, gelé
A eux deux assemblant la paire pourtant
De chaussures, à se partager

Mais la faim tiraille pourtant
Et coquins, entre bavards et plaisantins
Oubliant leur rien sous la dent
Innocents dans leur pétrin

Par l’odeur du pain chaud et croustillant
Deux frimousses collées au carreau glacé
Attirés par ce bonheur, le désirant
Ventres affamés ne pourront que l’imaginer

Et l’aube pointant son doigt
Constatant le froid et sa proie
Celle d’un petit endormi sans voix
Sous la neige, son copain en désarroi

Et la chaussure comme une croix
Chaussant le tas de neige en maladroit
Laissant un pied nu ma foi
Celui d’un orphelin sans toit.

– Marco Bucci –