Pour chaque jour, de ma vie, dépensé
Durant lequel, un instant, je me serai émerveillé
Pour chaque nuit agitée et traversée
Durant laquelle, un bref instant, j’aurai remercié

Pour chaque ennemi rencontré
Pour lequel j’aurai préféré l’ignorer que le frapper
Pour chaque fait immoral constaté
Pour lequel je me serai indigné mais n’aurai pas jugé

A chaque fois que j’aurai choisi la ténacité
Abandonnant la lâcheté et la médiocrité
A chaque fois que mes faiblesses m’auront fait trébucher
Et pour chacune de ces chutes, je me serai relevé

Pour toutes les tentatives pour lesquelles j’aurai échoué
Et autant de fois j’aurai recommencées
A chaque fois que j’aurai combattu et me serai indigné
Pour avoir vu mes valeurs bafouées

Pour chaque parcelle de mes droits oubliée
Afin que celle des autres soit respectée
Pour chaque appui offert aux délaissés
Pour qu’ils puissent vivre dans la dignité

Pour chacun de mes titres de noblesse autoproclamés
Dans le miroir de l’autre, peut-être pas usurpé mais sûrement surestimé
Du haut de la montagne ou du tréfonds de mon âme constaté
Et pour lequel je me serai séparé ou excusé

Pour chaque différence chez l’autre que j’aurai acceptée
Conscient que lui comme moi avançons sur un chemin complexe et accidenté
Et que ses choix contestés et critiqués
Le sont comme les miens, aux yeux d’autres différenciés

Alors seulement à ces instants je m’approcherai
Du respect de soi, de l’autre, des valeurs qui m’ont transcendé
Alors seulement à ces instants je ressentirai
Tous les bonheurs dont la vie m’a gratifié

Alors seulement à ces instants je saurai
Que signifie ce lien que nous appelons fraternité
Alors seulement à ces instants, l’espoir, je caresserai
De percevoir la Vérité dont j’ai souvent rêvé

De cette verticalité je pourrai observer
Cette ombre qui me révèle, s’amenuiser
Et au soleil de midi verra se profiler
Dans cette clarté, un chemin, appelé sérénité.

– Marco Bucci –